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ABSOLUTION DES PÉCHÉS CHEZ LES SYRIENS


téres, pic. Effacez-les, Seigneur, enlevez-les, et délivrezle de la damnation qu’il a encourue par ces fautes. Arrachez de son cœur, de son corps et de son esprit, les liens de ces péchés, afin qu’il obtienne le pardon par l’infusion de votre Esprit-Saint ; qu’il soit, Seigneur, réconcilié avec vous ; car il a recours à votre miséricorde et il promet de tout son cœur de faire pénitence. N’entrez pas, Seigneur, en jugement avec lui à cause de ses crimes, afin que nous vous glorifiions de cœur, de bouche et de parole. Père, Fils et Saint-Esprit, maintenant et toujours, dans les siècles des siècles. » Denzinger, loc. cit., p. 453.

Après cela le confesseur impose la pénitence déterminée par les canons pénitentiaux. Lorsque le pénitent a accompli sa pénitence, il vient de nouveau se présenter au prêtre, qui lui impose la main sur la tête el souflle trois fois sur son visage en disant : Ce péché sera effacé de ton ihn<> et de ton corps au nom du Père, amen ; lu en seras purifié el sanctifié au nom du Fils, amen ; U te sera pardonne et remis au nom du Suint-Esprit, amen. Apres cela le pénitent est admis à la participation des saints mystères. Nous avons traduit mot à mot les paroles du prêtre sur le texte syriaque donné par Assémani, loi-. cit., p. 174. Comme lesSyriens n’ont pas dans les verbes le mode que nous appelons subjonctif, ils expriment ce mode par le futur. On peut donc traduire aussi avec Assémani et avec Renaudot donné par Denzinger, loc. cit., p. 148 : « Que ce péché soit effacé, etc. » De la sorte celle formule devient déprécative. Denzinger en conclut que la forme de l’absolution est déprécative chez les jacobites.

Les premières paroles que le prêtre prononce touchant l’absolution sont cilles où se trouvent ces mots : « Moi je te pardonne ici et Dieu dans le ciel. » Elles ne semblent pas contenir la forme même de l’absolution mais plutôt l’annonce qu’elle sera donnée. Elles paraissent tout à fait semblables à celles des grecs, ïyw cre <rjvy.s-/_ip ?)|jivov (je vous tiens pour absous), qu’Arcudius prend pour une forme indicative. Il ne saurait être question des oraisons et formules qui suivent sinon de l’oraison prolixe : « Seigneur, Dieu miséricordieux et clé tent, « qui termine l’office, et de la formule qu’on récite après l’accomplissement de la pénitence canonique. A vrai dire, celle-ci pourrait être considérée comme l’absolution de la pénitence canonique, absolution que Morin, De pœnitentia, l. VIII, c. xii, n. 10, Anvers, 1682, p. 548, admet chez les grecs pour les excommuniés après l’absolution sacramentelle. Ce serait ainsi la double réconciliation, autrefois en vigueur : la première, inférieure à l’autre, qui admettait à la communion et non à l’oblatioa et se faisait par l’imposition des mains ; l’autre, la parfaite, qui admettait aux deux. Renaudot, sans oser se prononcer, penche pour les mois : « Que ce péché soit etl’aeé, etc. » C’est là qu’il croit plutôt trouver la forme de l’absolution. En faveur de ce sentiment on pourrait apporter cette raison que fournit Abraham Ecchellensis, à savoir que, chez les maronites, si le péché exige une longue pénitence avec exclusion de la réception des sacrements, on donne l’absolution après la pénitence accomplie. De là, selon Denzinger, il.résulte que la forme de l’absolution est déprécative chez les syriens. Op. cit., t. i, p. 103, 104.

Renaudot, Perpétuité de la foy, t. v, 1. XV. c. i, eomme Denzinger l’a remarqué, est moins aflirmatif ; il n’ose se prononcer. Il remarque que les syriens jacobites admettent que les péchés sont remis par l’absolution donnée par le piètre qui en a le pouvoir ; mais il ne traite pas la question en quoi consiste la forme de l’absolution ; si elle consiste dans les paroles prononcées immédiatement après la confession des péchés : « Moi je te.pardonne ici et Dieu dans le ciel. » assurément elle n’est pas déprécative. Si au contraire elle se li’ûuve dans les paroles que le prêtre prononce après

l’accomplissement de la pénitence canonique, elle est déprécative d’après la traduction d’Assémani et de Renaudot.

Elle est indicative, si l’on traduit, avec nous, par le futur, comme le permet le génie de la langue syriaque. Je pense que ce futur peut être entendu en ce sens : « Le péché sera dès à présent ellàcé. » Ce qui se rapporte à l’action présente du prêtre et ce que la langue syriaque exprime ordinairement par le participe présent.

De ces observations il résulte qu’il est douteux si la forme des jacobites est déprécative ou non.

III. Rite de l’absolution chez les nestoriens. — Ce rite a été composé au viie siècle par Jésuiab d’Adiabène, qui fut patriarche des nestoriens de l’an 650 à 660. Dans -os parties principales il reproduit les anciens rites. Cet office a été donné en abrégé’par Renaudot et en entier, d’après une autre source, par liadjer, The Nestorians an their lUtuals, t. ii, col. 29. Denzinger, ibid., t. i, p. 407, 471, donne les deux en latin. Le patriarche Timothée II a lait un commentaire qu’Assémani, Biblioth. or., t. iii, a, p. 287, reproduit. Il dit que l’absolution, hùsaid, comprend trois consignations ou signes de croix faits sur le pénitent ; les deux premières lorsque le prêtre dit : « Que les miséricordes qui ont eu pitié de l’héritière et l’ont ramenée à la maison paternelle, me ramènent à toi, ô notre Sauveur. » La troisième lorsqu’il impose la main sur la tête du pénitent en disant : « Seigneur notre Dieu, bon et plein de miséricorde, qui répandez votre grâce et votre miséricorde sur tous, répandez la grâce de voire bénignité sur votre serviteur et changez-le par l’espérance d’un renouvellement à la vie de la grâce. Renouvelez en lui votre Esprit saint, en qui il a été signé pour le jour du salut ; et purifiez-le par votre clémence de toute souillure ; dirigez sa conduite dans les voies de la justice et faiteste participer avec les saints de votre Église à l’espérance de votre gloire adoptive et à la suavité de vos mystères vivifiants ; aidez-le par le secours de votre miséricorde a garder vos commandements, à accomplir votre volonté et à confesser, ô Seigneur, votre nom, à l’adorer et à le louer toujours. »

Celte formule, comme les deux autres, est déprécative. Il faut en conclure que la forme de l’absolution < > ! déprécative chez, les nestoriens, quelle que soit la consignalion dans laquelle on la place. Néanmoins pour l’absolution de ceux qui ont renié la foi et pour les jacobites convertis au nestorianisme, le prêtre leur fait sur le front l’onction de l’huile sainte, en disant : « P. est signé, sanctifié et renouvelé au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » Ces paroles sont en syriaque au participe ; elles ne peuvent se rendre en français par le subjonctif, mais bien par l’indicatif, comme je l’ai fait avec Assémani et Denzinger. Comme elles paraissent contenir la forme d’absolution des apostats, oii peut penser que pour ceux-ci-la forme est déclarative.

IV. Rite de l’absolution chez les syriens unis. — Dans VOrdo chaldaicus de l’Église syrienne du Malabar, imprimé à Rome en 1845, la formule d’absolution est empruntée au Rituel romain. C’est aussi celle qu’avait prescrite le synode de Diamper. Au reste les nestoriens avaient aboli la confession dans cette Église. Pour les maronites, le synode tenu au Liban en 1736 et approuvé par le pape, statue, c. iv, can. 3, Conciliorum collectio lacensis, Fribourg-en-Brisgau, 1869, t. n : « Bien que dans les anciens rituels syriaques et dans les autres euchologes des Églises orientales la forme de l’absolution se trouve exprimée par des paroles déprécatives, ce saint synode ordonne cependant et prescrit à tous les prêtres, de ne se servir d’aucune autre forme, sinon de celle-ci qui est exprimée par des paroles indicatives : E<v> te absolvo u peccatis luis in nomine Patris et Ftlu et Spiritus Sancti. Quant aux autres