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ne vient-il pas de s’engager à combattre besoin, lui-même, les troupes des duchés de Schleswig et Holstein qui s’étaient organisées sous son patronage ! Est-il possible d’imaginer rien de plus honteux ? Et maintenant, qui sait où il va avec ses projets de constitution ? » Il a ajouté : « Ne croyez pas que parce que j’interviens en Hongrie, je veuille justifier la conduite de l’Autriche dans cette affaire. Elle a accumulé les unes sur les autres les fautes les plus graves, les folies les plus grandes, mais, en fin de compte, elle avait laissé envahir le pays par des doctrines subversives ; le gouvernement y était tombé aux mains des hommes de désordre. Cela ne se pouvait souffrir. » Parlant des affaires d’Italie : « Nous autres gens, dit-il, nous ne concevons rien à ces fonctions temporelles remplies à Rome par des ecclésiastiques, mais peu nous importe la manière dont ces calotins s’arrangent, pourvu qu’on fasse là quelque chose qui tienne et que vous y constituiez le pouvoir de manière qu’il puisse se maintenir. » Et comme Lamoricière, blessé de ce ton léger qui sentait un peu l’autocrate et laissait voir une sorte de rivalité de pape à pape, défendait les institutions du catholicisme : « C’est bien, c’est bien ! disait l’empereur en finissant, que la France soit catholique tant qu’elle voudra, mais qu’elle se