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tendant d’Auch prétend qu’il peut s’opposer à la volonté de l’assemblée provinciale, qui avait autorisé une commune à s’imposer ; l’assemblée affirme qu’en cette matière l’intendant n’a plus désormais que des avis, et non des ordres à donner, et elle demande à l’assemblée provinciale de l’Île-de-France ce qu’elle en pense.

Au milieu de ces récriminations et de ces consultations, la marche de l’administration se ralentit souvent et quelquefois s’arrête : la vie publique est alors comme suspendue. « La stagnation des affaires est complète, dit l’assemblée provinciale de Lorraine, qui n’est en cela que l’écho de plusieurs autres ; tous les bons citoyens s’en affligent ».

D’autres fois, c’est par excès d’activité et de confiance en elles-mêmes que pèchent ces nouvelles administrations ; elles sont toutes remplies d’un zèle inquiet et perturbateur qui les porte à vouloir changer tout à coup les anciennes méthodes et corriger à la hâte les plus vieux abus. Sous prétexte que désormais c’est à elles à exercer la tutelle des villes, elles entreprennent de gérer elles-mêmes les affaires communales ; en un mot, elles achèvent de tout confondre en voulant tout améliorer.

Si l’on veut bien considérer maintenant la place immense qu’occupait déjà depuis longtemps, en France, l’administration publique, la multitude des intérêts auxquels elle touchait chaque jour, tout ce qui dépendait d’elle ou avait besoin de son concours ; si l’on songe que c’était déjà sur elle plus que sur eux-mêmes que les par-