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DE LA DÉMOCRATIE EN AMÉRIQUE.

Quelquefois la démocratie veut mettre de l’économie dans ses dépenses, mais elle ne peut y parvenir, parce qu’elle n’a pas l’art d’être économe.

Comme elle change fréquemment de vues et plus fréquemment encore d’agents, il arrive que ses entreprises sont mal conduites, ou restent inachevées : dans le premier cas, l’État fait des dépenses disproportionnées à la grandeur du but qu’il veut atteindre ; dans le second, il fait des dépenses improductives.



DES INSTINCTS DE LA DÉMOCRATIE AMÉRICAINE DANS LA

FIXATION DU TRAITEMENT DES FONCTIONNAIRES.

Dans les démocraties, ceux qui instituent les grands traitements n’ont pas de chance d’en profiter. — Tendance de la démocratie américaine à élever le traitement des fonctionnaires secondaires et à baisser celui des principaux. — Pourquoi il en est ainsi. — Tableau comparatif du traitement des fonctionnaires publics aux États-Unis et en France.


Il y a une grande raison qui porte, en général, les démocraties à économiser sur les traitements des fonctionnaires publics.

Dans les démocraties, ceux qui instituent les traitements étant en très grand nombre, ont très peu de chance d’arriver jamais à les toucher.

Dans les aristocraties, au contraire, ceux qui instituent les grands traitements ont presque toujours le vague espoir d’en profiter. Ce sont des capitaux qu’ils se créent pour eux-mêmes, ou tout au moins des ressources qu’ils préparent à leurs enfants.

Il faut avouer pourtant que la démocratie ne se montre très parcimonieuse qu’envers ses principaux agents.