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DE LA DÉMOCRATIE EN AMÉRIQUE.

turels entre leurs besoins, leurs idées, leurs habitudes et leurs mœurs.

L’Union a des productions qui nous sont devenues nécessaires, et que notre sol se refuse entièrement à fournir, ou ne peut donner qu’à grands frais. Les Américains ne consomment qu’une très petite partie de ces produits ; ils nous vendent le reste.

L’Europe est donc le marché de l’Amérique, comme l’Amérique est le marché de l’Europe ; et le commerce maritime est aussi nécessaire aux habitants des États-Unis pour amener leurs matières premières dans nos ports que pour transporter chez eux nos objets manufacturés.

Les États-Unis devaient donc fournir un grand aliment à l’industrie des peuples maritimes, s’ils renonçaient eux-mêmes au commerce, comme l’ont fait jusqu’à présent les Espagnols du Mexique ; ou devenir une des premières puissances maritimes du globe : cette alternative était inévitable.

Les Anglo-Américains ont de tout temps montré un goût décidé pour la mer. L’indépendance, en brisant les liens commerciaux qui les unissaient à l’Angleterre, donna à leur génie maritime un nouvel et puissant essor. Depuis cette époque, le nombre des vaisseaux de l’Union s’est accru dans une progression presque aussi rapide que le nombre de ses habitants. Aujourd’hui ce sont les Américains eux-mêmes qui transportent chez eux les neuf dixièmes des produits de l’Europe[1]. Ce sont encore des Américains qui

  1. La valeur totale des importations de l’année finissant au 30 septembre 1832, a été de 101,129,266 dollars. Les importations faites sur