Page:Alexis - Le Collage.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
LE RETOUR DE JACQUES CLOUARD

riait encore. Mais, de là à ce que la Commune fût prochaine ! Peu probable, si tout marchait maintenant en France comme ça avait l’air de marcher ; si, riches et pauvres, bourgeois et ouvriers, civils et militaires, toutes les classes de la société, définitivement réconciliés, s’entendaient une bonne fois. D’ailleurs, demain, comme l’on dit, il ferait jour ! Et lui, Jacques Clouard, verrait bien si la fête allait avoir un beau lendemain.

Pour l’heure, un peu gris, de l’enthousiasme public et de vin à seize, Jacques était très porté à voir les choses en beau. Il n’était pas loin de minuit. Malgré l’heure, malgré le ciel chargé d’électricité, sillonné d’éclairs, retentissant de coups de tonnerre, malgré de fréquentes petites ondées, les rues étaient pleines de gens attablés, buvant à la lueur des lanternes vénitiennes, jouant aux cartes, chantant. Et toujours des pétards, des cris patriotiques ; des maisons entières disparaissaient sous les drapeaux et les lumières. Une sorte de kermesse effrénée, faite de la joie énorme d’un peuple ; avec la sensation que, partout, dans tous les sens, il y avait d’autres embrasements, d’autres vacarmes, d’autres ivresses. Au delà des fortifications, la fête avait gagné la banlieue, exaltait la France entière.

Être partout, et tour voir ! Lui qui connaissait à fond son Paris ! Toutes sortes de curiosités, dont le grand nombre rendait la satisfac-