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JOURNAL DE MONSIEUR MURE

Si feu le commandant Derval, son père, avait pu la voir !…

Hier, voici. Le dîner était pour sept heures. Mais Hélène m’ayant prié d’arriver à l’avance, dès cinq heures et demie je sonnais au chalet.

Un tapis rouge dans le vestibule. Des tentures aux murs, au plafond un lustre prêt à être allumé, des fleurs partout. La petite antichambre de gauche transformée en vestiaire, avec une grande glace au fond pour que les dames, en enlevant leurs manteaux, puissent se voir de la tête aux pieds. Moi-même, j’attachai ensemble mon parapluie et mon pardessus, et je glissai dans mon gousset le no 1.

Dans l’escalier, un tapis encore, d’autres lustres, d’autres tentures, et, de marche en marche, une double haie de plantes rares, de fleurs naturelles. Sous la chaleur douce sortant des bouches du calorifère, ces fleurs embaumaient. Il vous montait à la tête comme une griserie. Et, malgré soi, l’on pensait d’avance aux petits pieds en bottines de satin qui allaient gravir ces marches, légers et nerveux, frémissants de curiosité, d’envie, de malice.

Mais une volonté calme, prévoyante, courageuse, semblait avoir veillé aux préparatifs. Avant de demander personne, je voulus jeter partout mon coup d’œil. Sans quitter encore le rez-de-chaussée, entrouvrant la porte de droite, je regardai la salle à manger. Là, un domestique