presque effrayante à voir. Elle dormait peut-être, mais d’un inquiétant sommeil : paupière ouverte, et regard fixe.
— Hélène !
Pas de réponse.
— Ma petite Hélène !
Elle ne remue pas. Et je n’étais plus qu’à deux pas d’elle.
— Ah ! fit-elle tout à coup. Ah ! toi ! toi !
Un bond ! le tas de paille amoncelé sur elle coule de toutes parts. Et elle est à mon cou, me serrant de toutes ses forces. Elle ne m’embrassait pas : elle se tenait pendue à moi, ayant grimpé le long de mon corps, et elle m’étreignait éperdument de ses petites jambes. Moi, je l’embrassais en grand frère ainé aimant bien sa jeune sœur. Je couvrais de « caresses de nourrice » sa joue subitement enflammée. Je l’embrassais aussi sur le front, sur ses beaux cheveux emmêlés de brins de paille.
— Te voilà tout ébouriffée, ma petite. Tu es belle ! tu as grandi depuis que je ne t’ai vue !… Es-tu toujours bien sage ?
Puis, pour la remettre doucement à terre, je me baisse, un genou dans la paille.
— Là ! maintenant il faut aller manger la soupe… Papa se fâcherait ! tu es couverte de paille, tu as l’air d’un diable ! attends… avec mon petit peigne en écaille…