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LE RETOUR DE JACQUES CLOUARD

une journée accablante ! Tous les bancs se trouvaient occupés. Du côté de la rocaille, des gosses, attelés plusieurs à la même ficelle, jouaient au cheval et au cocher. Des jeunes filles, se tenant par la taille, causaient avec les canards du petit lac. Tandis que des jeunes mères, à l’écart, berçaient quelque enfant au maillot qui s’endormait dans leurs bras. Alors, quittant brusquement Jacques, Adèle courut jusqu’à la grille. Elle regardait à travers les barreaux, interrogeant tout le square, cherchant avec avidité. Lui, arrivant derrière elle, ne se doutait pas de l’expression tragique de son visage.

— Veux-tu entrer ? lui disait-il. Si tu as dîné, allons nous asseoir là-dedans.

Sans l’entendre, Adèle regardait toujours. La vue d’un petit garçon de deux ans, qu’une vieille tenait par des lisières et qui s’essayait à marcher sur le gravier d’une allée, lui mit une flamme à la joue. Déjà elle souriait et ses mains se tendaient vers le marmot. Soudain, se ravisant, elle se retourna vers Jacques.

— Il y a trop de monde ! Allons le long du chemin de fer… Nous serons mieux pour causer !

Et elle se laissa de nouveau prendre le bras.

Maintenant, le long de la grille du chemin de fer, Jacques cherchait à retrouver le fil d’une phrase interrompue :

— Où donc en étais-je ?… Ah oui, la peine de