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troisième, lorsqu’il ne faisait encore lui-même que des vers, — à cet Émile Zola dont je savais les œuvres par cœur, et qui, quelques mois auparavant, m’avait causé l’inespérée, la délicieuse joie de voir pour la première fois mon nom « Paul Alexis » imprimé tout vif dans un article du Gaulois, consacré à mes pauvres « Vieilles Plaies. »

A l’endroit de l’avenue de Clichy appelé « la Fourche, » nous dégringolons, Valabrègue et moi, de notre impériale. Quelques pas dans la première rue à gauche, et nous voici sonnant au 14 de la rue de la Condamine. Le cœur me battait. Le premier mot de Zola fut celui-ci : « Ah l voilà Alexis !… Je vous « attendais. » Dès la première poignée de main, je sentis que c’était fini, que je venais de donner toute mon affection, et que je pouvais maintenant compter sur l’amitié solide d’une sorte de frère aîné. Dans la salle à manger du petit pavillon qu’il habitait alors au fond d’un jardin, dans l’étroite salle à manger, — si étroite que, ayant acheté plus tard un piano, il dut faire creuser une niche dans le mur, afin de l’y caser, — je me revois, assis devant la table ronde, d’où la mère et la femme du romancier venaient de retirer la nappe. Au bout d’une heure de causerie, quand il m’eut longuement fait parler de moi, de mes projets, de cette Provence, qu’après onze ans d’éloignement il chérissait encore et dont je lui apportais sans doute comme un parfum lointain, la conversation tourna ; et il m’entretint à