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À MON DERNIER AMOUR[1]


Hier, enfant, tu m’as dit d’une voix inquiète,
Souriant et boudant, te penchant dans mes bras :
« Toi qui chantes pour tous, infidèle poète,
« Sur nos jeunes amours ne chanteras-tu pas ?

« Tu fais métier d’écrire et sèmes ta parole.
« Dis ? que ne m’offres-tu ces bouquets que ta main
« Effeuille sur la route, insouciante et folle.
« Je veux glaner les fleurs que tu perds en chemin.

« Je me fâche, je veux que mon regard t’inspire,
« Que tu chantes mon cœur qui bat pour toi. Je veux
« Que tu dises à tous le miel de mon sourire,
« Et me lises tes vers en baisant mes cheveux.

  1. Cette pièce est la dernière que le poète ait écrite.