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D’une pure étincelle, échappée à sa flamme,
Qui fis jaillir l’amour, et qui leur mis dans l’âme
En même temps le bon et le juste et le beau !

Qui cachas sous les fleurs les sanglantes épines,
Qui par pitié pour nous, dans ta sainte bonté,
Nous montras ce rayon des voluptés divines,
Et voulus que l’amant, dans nos temps de ruines,
Fût le dernier croyant de ta divinité !

Oh ! mon père, merci ! Laisse courber la tête
À l’enfant qui jamais ne la courbe au saint lieu ;
Laisse le chant d’amour que ma lèvre te jette,
Monter jusqu’à tes pieds, comme un hymne de fête ;
Laisse-moi reconnaître et mon âme et mon Dieu !

Oui, je bénis ta droite, à genoux je t’adore.
Je me prosterne au sein de ta création.
Mon âme est immortelle, un Dieu la fit éclore :
Le feu qui me dévore
Ne saurait s’échapper d’un infâme limon !

Cet amour qui me brûle est la flamme divine
Qui depuis six mille ans régit cet univers.