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Railleur autour de soi, sous la roche sonore,
Derrière le vieux chêne et parmi les roseaux !

— Je blasphème peut-être, ô ma sainte madone !
Toi mon ange si pur, hélas ! je te soupçonne,
Je t’accuse d’avoir un cœur méchant et fier.
Oh ! ne m’écoute pas, mon amie, et pardonne :
Vois-tu, je suis enfant de ce siècle de fer ?

Oui, je doute de tout : de la mère penchée
Sur le bord du berceau, gardant son nourrisson ;
De la source limpide où la fange est cachée
Peut-être sous les fleurs qui parent le gazon.

Je doute des lambris suspendus sur ma tête ;
Je doute du plancher qui se trouve sous moi,
Des fleurs et des parfums, du ciel pur d’une fête,
Du Christ au Golgotha, de sa divine loi ;
Je doute de moi-même et je doute de toi !

Je t’ai rêvée, enfant, si céleste et si belle,
Que la moindre souillure à ton blanc vêtement
Me semblerait, hélas ! une tache éternelle ;
Et de ton piédestal, ainsi qu’un marbre frêle,
À mes pieds tu viendrais te briser en tombant.

Reste parmi tes fleurs, reste avec l’auréole
Qui, dans ma longue extase, orne ton front serein.