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Est-ce toi qui te plais à pousser ces sanglots,
Afin d’épouvanter les folles jeunes filles ?
Serais-tu Gabriel ou bien l’Ange déchu ?
Viens-tu donc pour prier ou, de ta main maudite,
Voler la coupe sainte et le lin du lévite ?
Dans cet angle, oh ! dis-moi, fantôme, que fais-tu ?

Mais c’est toi, mon Paolo, mon enfant, mon doux frère ;
Toi, le fils de cet âge, et qui dans la poussière
N’incline pas ton front que le doute pâlit ;
Toi, non l’Ange du mal, non l’Ange de lumière,
Mais l’homme faible et bon, si grand et si petit !
Enfant, l’église est froide et la pierre est humide
Pour celui qui s’arrête à l’autel sans prier ;
Et la voûte n’est plus que l’image du vide,
Dès qu’on doute du Dieu qui l’emplit en entier.
Enfant, tu ne crois plus à l’auguste mystère :
Il fait froid, il fait noir ; viens, la brise est légère,
Et, parfumé de fleurs, je connais un sentier.

— Non, non, me réponds-tu, cette voûte étincelle.
Je me sens pénétrer d’une sainte chaleur,
Et, pour monter aux cieux, je sens battre mon aile :
Tout est flamme, parfum et chanson dans mon cœur.

Vois-tu la blonde enfant, parmi toutes ces vierges,
Celle qui, radieuse, a croisé les deux mains ;