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Mais, hélas ! de partout la brume l’environne.
Elle vole au hasard ; la terre a disparu ;
Le ciel est toujours sombre, et la pauvre mignonne
Sent sa plume trembler sous un vent inconnu.

Ah ! tremble ! c’est le vent de toute chose humaine,
Qui depuis six mille ans gèle l’humanité,
Qui porte la poussière aux arbres de la plaine :
C’est le vent glacial de la réalité.
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Dans l’ombre du boudoir, sur la couche étendue,
Rosita soupira.
Rosita soupira.— Dans cette gorge nue,
Murmura-t-il alors, riant amèrement,
Je pourrais enfoncer aisément une lame.
Je pourrais les tuer, elle, puis son amant.
Je ne sais quel malheur me mène à cette femme !

Et sa main qui tremblait, tourmentait son poignard.
Il entrait, repoussant la croisée entr’ouverte,
Lorsque son pied marcha sur la couronne verte.
Il abaissa vers elle un déchirant regard.
Puis, soudain il la prit, maculée et flétrie,
Et, grave, s’approcha de la fille endormie.

Sur son front de seize ans ayant posé ces fleurs :
— Elles avaient pourtant tes vermeilles couleurs,