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Si, d’aventure, à table, en buvant le champagne,
Ses bruyants compagnons, qui battaient la campagne,
Discutaient sur l’amour, en octroyant tout net
Le doux nom d’imbécile à quiconque y croyait,
On le voyait pâlir et garder le silence.
On se rappelait même un duel qu’il avait eu
Avec certain abbé, qui, pour unique offense,
Chez la femme niait l’amour et la vertu.
D’ailleurs, Rodolphe était un ami véritable,
Offrant aux premiers mots son argent et sa table,
Partageant et donnant la plus forte moitié,
Se souciant fort peu de l’enfer et du diable,
Faisant depuis deux ans un tapage effroyable,
Mais croyant à l’amour ainsi qu’à l’amitié.
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III


— Rosa, dit Rodolpho, tu voudrais donc, ma reine,
Enlacé dans tes bras, qu’ici l’on me surprenne.
Voici le jour, ma mie.
Voici le jour, ma mie.— Eh ! non, dit Rosita.
Rien qu’un baiser !
Rien qu’un baiser ! Dans l’ombre, on entendit l’étreinte
De ses bras, un baiser, une amoureuse plainte