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gens qu’il devait décorer, il vous a nommé le premier… M. Bardoux a aussitôt sauté sur votre nom, en disant que c’était une affaire faite… D’ailleurs, il entend vous éviter l’ennui d’une demande écrite. Une simple visite suffira et lui fera plaisir.

Et M. Charpentier ajoutait :

— Cela contrarie beaucoup Daudet, car il ne sait comment vous prendrez la chose. Il ignore vos intentions et craint de vous avoir trop mis en avant, sans qu’il en ait été causé avec vous.

Un peu surpris, Zola ne put cacher qu’il aurait préféré qu’on ne l’engageât pas ainsi ; qu’il n’avait point demandé la croix et qu’il comptait bien ne la demander jamais ; mais, qu’en somme, il n’était pas assez paysan du Danube pour refuser d’aller voir M. Bardoux, un des grands amis de Flaubert.

Du reste, il apprit bientôt que Flaubert, lui aussi, avait demandé pour lui la décoration au ministre.

Quelques jours plus tard, il alla voir M. Bardoux, accompagné de Daudet, qui amenait également un autre de ses amis, M. Gustave Droz, dont il avait aussi mis le nom en avant. L’entrevue, cela va sans dire, fut très cordiale. Le ministre, avec une discrétion de bon goût, ne parla de la croix que sur le seuil du cabinet, en s’engageant d’une façon brève et formelle, pour le mois de juillet suivant.

Voilà donc Zola qui était décoré, sinon malgré lui, du moins sans l’avoir voulu. M. Bardoux ;