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paix environnante, les trains de nuit passent sous la fenêtre, prolongeant leur vacarme dans le grand silence de la campagne. Il s’interrompt, écoute, reste un moment rêveur, puis reprend son livre. Il finit par s’endormir, en songeant « au beau roman moderne qu’il va à écrire sur les chemins de fer ? »

Outre l’ancienne maisonnette de paysan, rendue méconnaissable et augmentée d’une grande bâtisse carrée qui ressemble à une tour, il a fait bâtir un pavillon qui contient des chambres d’ami, souvent occupées. Ce sont toujours les mêmes amis, les amis de toute sa vie, qui visitent Zola à Médan. Ils viennent d’autant plus fréquemment que, l’année dernière, le 17 octobre 1880, madame veuve François Zola s’est éteinte doucement, dans la maison à peine installée ; et ils voudraient contribuer de tout leur pouvoir aux efforts de madame Émile Zola pour cacher au fils un grand vide.

Je finirai ces notes biographiques par une anecdote.

Émile Zola, qui, en 1871, avait failli être sous-préfet à Castel-Sarrazin, manqua être décoré en 1878. L’histoire exacte de cette décoration mérite d’être racontée, d’autant plus que des versions étranges ont couru.

Un jeudi, M. Georges Charpentier étant venu voir Zola, le prit à part et lui dit :

— Voici ce qui ce passe : Daudet, l’autre jour, dînait chez M. Bardoux, et, consulté par lui sur les