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me faut ici dire un mot de la grande amitié qui lia les quatre romanciers que l’on a appelés « le quadrilatère du roman moderne, » c’est-à-dire : Gustave Flaubert, Edmond de Goncourt, Alphonse Daudet et Émile Zola. Leur trait d’union à tous, fut Flaubert. Zola connaissait les frères de Goncourt depuis 1865 ; en 1866, étant à l’ancien Événement, il avait rencontré Daudet, qu’il perdit ensuite de vue, puis qu’il retrouva chez l’éditeur Charpentier, en 1872. Mais ce fut surtout en se réunissant tous chez Flaubert, chaque dimanche, que la liaison se resserra et devint très solide.

Toujours je me souviendrai des après-midi du faubourg Saint-Honoré. J’avais fait moi-même la connaissance de Flaubert. En province à dix-sept ans, sur les bancs du collège, je m’étais passionné pour Madame Bovary. Dix ans plus tard, ayant publié dans une petite revue littéraire une courte nouvelle : la Fin de Lucie Pellegrin, la première chose dont je fusse à peu près content, je l’envoyai au maître, qui m’invita à aller le voir le dimanche suivant. Il m’accueillit avec sa cordialité affectueuse et je devins un de ses fidèles.

Outre Edmond de Goncourt, Alphonse Daudet et Émile Zola, les visiteurs les plus assidus étaient : le célèbre romancier russe Tourguéneff : Guy de Maupassant, très jeune alors, grand canotier l’été, poète l’hiver, chéri de Flaubert en toute saison comme une sorte de fils ; puis, le critique d’art Philippe