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Nana, qui parut le 15 février 1880, fut tirée d’emblée à cinquante éditions, c’est-à-dire à cinquante-cinq mille exemplaires ! fait inouï et, je crois, unique dans la librairie française. Ces cinquante-cinq mille volumes étaient tous vendus d’avance aux libraires de Paris, de la province et de l’étranger, dont plusieurs avaient fait leur commande depuis un an. La preuve, c’est que le jour même de la mise en vente, M. Georges Charpentier envoya à son imprimeur l’ordre de tirer dix autres éditions. Aujourd’hui, la centième édition est de beaucoup dépassée.

L’Assommoir, dont le succès matériel, moins instantané que celui de Nana, fut aussi formidable, suit de près, arrive bon second, à peine distancé de quelques milliers d’exemplaires. Et les sept autres romans de la série, entraînés par l’action de ces deux favoris, viennent à la suite, diversement échelonnés, — les plus osés, ceux contenant le moins de concessions, en avant ! — tous portés par une impulsion générale irrésistible. Littérairement, les Rougon-Macquart sont encore très discutés, et les intentions les plus nettement affirmées de l’auteur, méconnues, niées, travesties ; mais, matériellement, commercialement, c’est le succès : succès longtemps indécis, obtenu par une accumulation d’efforts, aujourd’hui définitif.

Maintenant, un dernier mot.

La série doit compter vingt romans. Ce chiffre n’est qu’approximatif. Il peut varier, selon ce qu’il