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Nana, sorte de contre-partie de l’ Assommoir, il pensa, toujours pour obéir à la nécessité de varier, qu’il serait d’une bonne tactique de placer, entre deux œuvres très montées de ton, une note de demi-teinte, plus douce et plus calme. Entre deux efforts, visant l’un et l’autre à soulever un monde différent, l’auteur des Rougon-Macquart voulut se reposer par une analyse intime, fouillant un petit coin d’humanité. D’autre part, une de ses vieilles idées était d’étudier, physiologiquement et psychologiquement, ce qui se passe dans un de ces phénomènes qu’on nomme un amour, une passion. « Faire cela dans une étude sobre, à deux ou trois personnages, d’analyse pure, ce serait superbe ! » lui avais-je bien souvent entendu dire : telle était la pensée primitive ; mais, l’heure de la mettre à exécution arrivée, une autre vieille idée le sollicita à son tour — une idée datant de l’époque où il logeait rue Neuve-Saint-Etienne-du-Mont : — faire de Paris, vu d’une hauteur, une sorte d’être vivant, témoin muet d’un drame, toujours là, et changeant d’aspect lui-même, suivant les divers états d’âme des personnages. De cette idée de virtuosité, jointe au projet de faire l’analyse exacte d’une passion, est née Une page d’amour.

Ce fut encore dans une villégiature, à l’Estaque, petit village au bord de la Méditerranée, près de Marseille, que ce livre fut écrit en grande partie : été de 1877. Zola, cette fois, n’avait pas eu de notes