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qui régnait en France à cette époque, une foule d’expressions et de tournures empruntées à la langue dominante. Il pindarise en roumain, à la façon de son compatriote Ronsard[1].

Quoi qu’il en soit, une grande vogue accueillit les débuts de la pléïade, et la génération qui précéda immédiatement la nôtre se passionna pour ces poëmes, écrits sur des feuilles volantes, que le souffle des ans a dispersées, et dont on retrouve à peine quelques fragments de loin en loin, dans la bouche des bohémiens lautari. C’était le sentiment national qui se réveillait dans les cœurs en

  1. Pierre Ronsard était originaire de la Roumanie, ainsi qu’il l’indique lui-même dans ces vers :

    « Or, quant à mon ancêtre, il a tiré sa trace
    « D’où le glacé Danube est voisin de la Thrace.
    « Plus bas que la Hongrie, en une froide part,
    « Est un seigneur nommé le marquis de Ronsard,
    « Riche d’or et de gens, de villes et de terres.
    « Un de ses fils puinés avait amour la guerre ;
    « Un camp d’autres puinés assembla, hasardeux,
    « Et quittant son pays, fait capitaine d’eux,
    « Traverse la Hongrie et la Basse-Allemagne,
    « Traverse la Bourgogne et la grasse Champagne,
    « Et hardi vint servir Philippe de Valois
    « Qui pour lors avait guerre avecque les Anglois. »

    Cet aïeul de notre poëte qui vint du Bas-Danube offrir ses services à Philippe de Valois, s’appelait Marucini comme son père, lequel joignait à son nom la qualité de bano (ban). — Lorsqu’il se fut fixé en France, il traduisit littéralement le nom et le titre paternels, et changea bano en marquis, et Marucini (ronces ou roncière) en Ronsard.