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« Et de Tatares et de Lithuaniens,
« Et de Hongrais orgueilleux ;
« Mais au combat de Resboeni 69
« La massue s’échappa de ma main
« Sous le coup d’un sabre païen ;
« Hélas ! elle ne tomba pas seule à terre,
« Ma main aussi tomba avec elle
« À côté du païen qui tomba.
« Depuis lors je ne sais plus que devenir,
« Car je suis resté pauvre et invalide ;
« Je n’ai ni maison, ni charrue,
« Ni jeunes bœufs à mettre au joug.
« Vainement j’ai prié, et encore prié
« Tous les riches habitants du village
« De me prêter une charrue pour une heure,
« Afin de labourer un coin de terrain ;
« Pendant six jours, je les ai suppliés
« Sans qu’ils fissent attention à moi.
« Alors, prince, j’ai quitté le village
« Et suis allé trouver mon frère ;
« Il m’a prêté sa charrue aujourd’hui,
« Et j’ai commencé aujourd’hui mon labour,
« Car l’homme pauvre n’a pas place au soleil ;
« Il n’a point, hélas ! de jour de fête,
« Mais rien que des jours de labeur ! »

Le prince Étienne l’écouta en silence ;
Puis il parla ainsi :

« Bourtchel, mon cher brave,
« Voici ce que je décide pour toi :
« Prends une de mes charrues à six bœufs