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doyante, ce granit écroulé, l’arbuste qui gémit au souffle du vent, me parlent de gloire et de liberté. Ces sourds murmures qui bruissent à mon oreille, héros, ce sont vos noms que le passé murmure dans ces vieux édifices. »


Mais bientôt il vint une heure, — heure fatale, — où, épuisée par ses triomphes mêmes, affaiblie par ses dissensions intestines, divisée, morcelée, la Roumanie, pour se garantir contre les attaques du dehors, se plaça d’elle-même sous la suzeraineté de la Turquie, en réservant ses droits comme nation indépendante (1393). Mais les Turcs, alors la terreur de l’Europe, observèrent mal les capitulations. À une époque où le droit, encore mal défini, était partout étouffé sous la force, aucun État n’intervenant en sa faveur, la Roumanie se vit, par une suite continuelle d’empiètements, dépouillée de toutes ses garanties, et réduite peu à peu à l’état de pachalik turc.

Cependant elle était toujours gouvernée par ses princes indigènes. Au commencement du dix huitième siècle, cette dernière garantie lui fut enlevée, et la Roumanie fut livrée en proie aux Phanariotes.

« La servitude, dit à ce sujet un Roumain, dont le nom se présente ici tout naturellement[1], est chose terrible ; mais rien de plus terrible que l’a-

  1. M. J. Voïnesco, à qui nous devons une traduction des Doïnas d’Alexandri.