très sensibles ; le grand Euler[1] m’a régalé d’un très beau mémoire de géométrie qu’il a lu à l’assemblée et qu’il a bien voulu me prêter sur le désir que je lui ai marqué de lire ce mémoire plus à mon aise. Le soir, je retournai auprès du Roi, que je trouvai se promenant tout seul (cela lui arrive souvent). Il me demanda si le cœur m’en disait ; je lui répondis que tous ces messieurs m’avaient reçu avec toute la bonté possible et qu’assurément le cœur m’en dirait beaucoup, s’il ne me disait pas avec une force invincible pour les amis que j’avais laissés en France ; que cela ne m’empêchait pas de m’intéresser comme je le devais au bien et à la gloire de l’Académie.
« Comme j’entrais avec lui dans quelques détails à ce sujet sur les différentes choses dont l’Académie me paraît avoir besoin : Je suis bien aise, me dit-il, de l’intérêt avec lequel vous me parlez de tout cela, j’espère que cela ira plus loin, ce qu’il accompagna d’un geste de bonté et d’amitié ; mais, comme mon premier devoir est de ne point tromper ce prince, je n’ai pas eu la sottise, et je pourrais dire le mauvais procédé, de lui laisser sur cela aucune espérance ; je retournerai à Paris à la fin d’août et j’y serai vers le 8 de septembre ; j’irai en Italie avec Watelet[2] et je reviendrai ensuite