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bert ne fit que grandir, non seulement en France, mais encore dans toute l’Europe. En 1754 le philosophe entre à l’Académie française. En 1756 Louis XV, à la demande de d’Argenson, lui accorde une pension de 1200 livres ; la même année la reine de Suède lui confère le titre d’associé étranger de l’Académie des belles-lettres qu’elle vient de fonder[1]. En 1762 Catherine II lui propose de se charger de l’éducation du grand-duc de Russie, son fils[2], et elle lui fait offrir 100 000 livres par an s’il consent à remplir cette fonction. L’ambassadeur de Russie à Paris fut chargé de la négociation, mais il employa vainement toutes les ressources de sa diplomatie ; il ne put vaincre les résistances de d’Alembert[3]. C’est en vain que l’impératrice insista de nouveau et écrivit de sa main

  1. Louise-Ulrique de Prusse, reine de Suède (1720-1782). Sœur de Frédéric II, elle épousa en 1744 Adolphe-Frédéric, prince royal de Suède ; devenue reine en 1751, elle fonda l’Académie des belles-lettres de Stockholm, la Bibliothèque, le cabinet d’Histoire naturelle, etc.
  2. Il succéda à sa mère sous le nom de Paul Ier.
  3. Quand le grand-duc plus tard vint à Paris, il reprocha obligeamment à d’Alembert d’avoir refusé de l’élever. Le savant s’excusa, prenant prétexte de la dureté du climat et de sa mauvaise santé : « En vérité, monsieur, lui dit le prince, c’est le seul mauvais calcul que vous ayez fait en votre vie. »