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Mais, en présence des divergences que nous offre la tradition manuscrite du Régime du Corps, il est bien difficile de déter- miner les caractères intrinsèques de la langue dont il s'est servi. Voici un manuscrit exécuté par un scribe italien, donc compatriote de l'auteur (Arsenal, 2511), et dont nous savons qu'il était, dès avant 1407, dans la bibliothèque du capitaine de Mantoue Francesco Gonzaga. Dès les premières lignes, l'italien fait craquer la mince couche de français: « Dex chi par sa grant puisance tot le monde establi, qi premerement fist li ciel, après fist H quatre elimenç. » Faut-il attribuer à Aldebrandin ces solécismes: li ciel au cas régime du singu- lier, et li quatre elimenç au cas régime du pluriel? C'est d'autant moins probable que le manuscrit n'est que du XIVe siècle. Attachons-nous exclusivement au manuscrit le plus ancien (A: Bibl. Nat., franç. 2021), à celui qui aservidebaseàla présente édition. Sa langue a une couleur dialectale très marquée et s'éloigne beaucoup de celle qu'on écrivait dans l'Ile-de-France et d'où est sorti le français actuel, abstraction faite des quelques provincialismes qu'il a incorporés de ci de là. A première vue, on la dirait picarde. Picards, en effet, sont des traits phonétiques comme che (pour ce), coses (pour choses), combinés avec des traits morphologiques tels que l'article féminin le (pour la) et l'infinitif veïr (pour veoir), qui se manifestent dès la première page. Mais à ces caractères se surajoute un trait phonétique que le picard propre ne connaît pas: Ye du latin subit une diphtongaison même quand il est dans une syllabe fermée: apiele, apriès, biestes iestre,piertruis,tiesmoignage,tiere, tierme, etc.. C'est untrait caractéristique du dialecte wallon. Donc, nous pouvons assi- miler la langue du manuscrit A à celle qui est parlée dans la partie occidentale du domaine wallon, c'est-à -dire, pour citer quelques noms de villes, à Aire, Avesnes, Cambrai, Douai,