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LE PETIT LAURENTZ.

— Qu’est-ce que vous aimeriez ?

— Vivre en Italie, et m’amuser comme je l’entends. »

Jo aurait bien désiré lui demander ce que c’était que s’amuser comme il l’entendait, mais les sourcils noirs de son compagnon s’étaient froncés subitement d’une manière si alarmante, qu’elle changea de sujet et dit, en battant la mesure avec son pied :

« Quelle jolie valse ! Pourquoi n’allez-vous pas la danser ?

— J’irai si vous y venez aussi, répondit-il en lui faisant un drôle de petit salut français.

— Je ne peux pas ; j’ai dit à Meg que je ne danserais pas, parce que… »

Et elle s’arrêta, ne sachant pas si elle devait continuer.

« Parce que quoi ? demanda curieusement Laurie.

— Vous ne le direz pas ?

— Jamais.

— Eh bien, vous saurez que j’ai la mauvaise habitude de ne prendre garde à rien, pas même au feu, et de brûler souvent mes robes ; celle-ci a été brûlée par derrière, et, quoiqu’elle ait été bien raccommodée, cela se voit, et Meg m’a recommandé de ne pas bouger de la soirée pour qu’on ne s’en aperçoive pas. Ah ! vous pouvez rire si vous voulez, je sais que c’est drôle. »

Mais Laurie ne rit pas, il baissa seulement les yeux une minute, et l’expression de sa figure étonna Jo, lorsqu’il lui dit très gentiment :

« Ne faites pas attention à votre robe, je vais vous dire ce que nous pourrions faire : il y a près d’ici un grand vestibule dans lequel nous serons très bien pour danser sans que personne nous regarde. D’ailleurs nous tournerons très vite, on n’y verra rien du tout. Venez, je vous en prie. »