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TANTE MARSCH.

défendait. Se rappelant alors les conseils qu’elle avait donnés à Meg, il y avait peu d’instants, elle frémit à la pensée que celle-ci pouvait les avoir suivis, et résolut d’entrer sans retard dans la chambre où elle l’avait laissée, — avec son John, — bien déterminée à réparer, s’il en était temps encore, le mal qu’elle avait pu faire.

« Où avais-je la tête, se disait-elle, et le cœur ? N’est-ce pas, en effet, ce bon Brooke qui, par ses soins, nous a rendu notre père !… Mais, s’il lui plaisait de nous demander en mariage toutes les quatre, la reconnaissance seule nous imposerait le devoir de l’accepter. »

Pleine de ces magnanimes pensées, Jo, une fois son parti pris, se précipita comme un ouragan dans la chambre de Meg.

La chambre était vide ! Bien sûr M. Brooke était parti désespéré.

« Hannah ! cria-t-elle, Hannah ! Où est Meg ? où est M. Brooke ? Je parie que M. Brooke est parti ! Avait-il l’air bien triste, Hannah ?

— Je crois, répondit Hannah, que tout le monde est dans le cabinet de M. Marsch. »

Jo y courut…

Meg, M. Brooke, M. et Mme Marsch, Beth et Amy y étaient rassemblés.

Oserai-je l’écrire ? La main de Meg était dans la main de M. Brooke !!!

« Félicitez-nous, dit M. Marsch à Jo, en lui montrant M. Brooke, nous avons un enfant de plus. »

Meg n’était pas sans inquiétude sur l’accueil qu’allait recevoir cette nouvelle donnée ainsi à brûle-pourpoint à l’irritable Jo, et sa main trembla un peu dans celle de son fiancé.