Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/332

Cette page a été validée par deux contributeurs.
318
LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

lorsque quelque chose passa à côté d’elle comme un éclair. Cela allait si vite et d’un mouvement si emporté, qu’elle ne devina pas tout d’abord ce qui pouvait bien dégringoler ainsi. C’était le jeune gentleman qui, pour ne pas perdre une seconde, s’était mis à cheval sur la rampe. Grâce à ce moyen expéditif, il était arrivé avant elle sur le palier. Il l’y attendait et lui dit de son air le plus vertueux, dès qu’elle apparut :

« Quelle bonne amie vous êtes, Jo ! Avez-vous été bien maltraitée ? ajouta-t-il en riant.

— Non, Laurie ; votre grand-père est meilleur que vous, meilleur que nous tous ; s’il a l’air moins aimable, au fond il l’est plus.

— Vous pourriez bien avoir raison, Jo ! Ma foi, je vais aller l’embrasser, le remercier même de sa bourrade, et bien dîner.

— Vous ne pouvez rien faire de mieux, lui répondit Jo. Vous serez tout à fait remis lorsque vous aurez mangé. Messieurs les hommes crient toujours lorsqu’ils ont faim. »

Et, voyant que tout allait bien se passer, elle s’enfuit.

Laurie alla résolument rejoindre son grand-père ; leurs bras s’ouvrirent en même temps, et M. Laurentz fut tout le reste du jour d’une humeur charmante.

Chacun pouvait certes regarder la chose comme finie ; le gros nuage était à coup sûr envolé. Mais, d’un autre côté, un mal avait été fait : ce que d’autres avaient oublié, Meg s’en souvenait. Elle ne fit plus jamais allusion à une certaine personne, mais elle y pensa peut-être davantage, et, une fois, Jo, fourrageant dans le pupitre de sa sœur pour y chercher un timbre, trouva une feuille de papier sur laquelle elle put lire,