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LAURIE FAIT DES BÊTISES.

— Grand Dieu ! s’écria Jo. Et comment donc puis-je être responsable d’un fait pareil ?

— Comment ? Mais toujours de la même façon. Si, au lieu de me faire des mystères de l’affaire de Meg, vous m’aviez tout dit, j’aurais gardé votre secret et n’aurais pas eu la stupidité, pour pénétrer vos mystères, de faire ce que j’ai fait. Dès lors, rien avec vos parents, et puis après, rien avec grand-père, car les deux choses s’enchaînent et n’en font, qu’une. Grand-père a voulu savoir pourquoi Mme  Marsch m’avait fait promettre de ne rien révéler du motif de nos explications. J’ai dû refuser à grand-père de lui rien dire de ce qui était le secret des autres et non le mien. Il s’est irrité, il s’est emporté, et il m’a fait l’affront irréparable que je viens de subir. »

Jo était atterrée.

« Et cependant, Laurie, disait-elle, j’ai eu raison de me taire avec vous, et la preuve, c’est que nous avez eu raison de vous taire à votre tour, même avec votre grand-père. Un moment viendra où votre refus de dire le secret de Meg à votre grand-père vous fera comprendre mon refus de le trahir pour vous au début de toute cette histoire. Mais ce n’est pas de moi ni de vous qu’il s’agit, nous nous arrangerons plus tard, c’est de ce qui vient de se passer entre vous et votre pauvre grand-père ; vous vous y serez mal pris sans doute.

— Mon pauvre grand-père ! s’écria Laurie, plaignez-le ! Ah ! si tout autre que lui…

— Mais, dit Jo, ce n’est pas de tout autre que lui, c’est de lui, de lui seul qu’il s’agit, d’un vieillard et d’un grand-père, et pour un fait que vous lui expliquerez un jour, pour un refus qu’il sera le premier à comprendre, quand un autre que vous pourra lui en confier les motifs. Son mouvement de violence n’est