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LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

a été une leçon pour lui seul. La réponse respectueuse qu’il a prêtée à Brooke prouve déjà son repentir. Mais cela ne suffit pas ; cette manière de forcer la confiance et, en outre, d’abuser de mon nom en rejetant sa faute sur moi, est indigne d’un gentleman. C’est tout au plus si on pourrait la pardonner à un enfant de sept ans.

— Laurie n’est encore qu’un enfant, dit Mme Marsch, ceci le prouve bien, Jo. Il n’est que les enfants pour ne pas savoir que la plaisanterie doit s’arrêter devant tout ce qui peut avoir des conséquences sérieuses. Laurie est certes très coupable, mais il n’a cru l’être qu’envers vous, Jo, qu’il traite trop en camarade. S’il avait pensé sérieusement à Meg et à M. Brooke et à votre mère, j’aime à croire qu’il se serait brûlé les doigts plutôt que de faire l’énorme sottise dont il s’est rendu coupable.

— Tout cela est bel et bon, dit Jo. M. Laurie, que ce soit envers moi ou envers tout autre, est dans son très grand tort. Son action le fait baisser de moitié dans mon esprit, et je ne laisserai pas à une autre le soin de le lui apprendre. »

Elle mit son chapeau à la hâte, s’enveloppa tant bien que mal d’un pardessus quelconque et s’en alla en courant. Mme Marsch la laissa faire ; elle n’était pas fâchée de rester seule avec Meg.

Cet absurde incident rendait nécessaire une explication avec Meg ; avec sa simplicité et son bon sens ordinaire, Mme Marsch jugea à propos de ne pas la retarder. Elle raconta sommairement à Meg le rôle qu’avait joué M. Brooke auprès de son père à Washington, et l’éclaira ainsi sur les sentiments réels de M. Brooke à son égard ; après quoi, allant droit au but :

« Et maintenant, dit-elle à Meg, dites-moi quels sont