Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.

qu’elles se souviennent de tout ce que je leur ai dit. Elles sont de bonnes filles pour vous ; elles remplissent fidèlement leurs devoirs ; elles n’oublient pas de combattre leurs ennemis intérieurs, et auront remporté de telles victoires sur elles-mêmes, que, quand je reviendrai, je serai plus fier encore de « mes petites femmes » et que je leur devrai de les aimer encore plus si c’est possible. »

Elles se mouchaient toutes pour cacher leurs larmes lorsque leur mère lut ce passage. Jo ne fut pas honteuse de la grosse larme qui avait élu domicile au bout de son nez, et Amy ne craignit pas de défriser ses cheveux lorsque, tout en pleurs, elle se cacha sur l’épaule de sa mère, en s’écriant :

« Je suis très égoïste ; mais je tâcherai réellement d’être meilleure, pour que notre père ne soit pas désappointé en me revoyant.

— Nous tâcherons toutes, s’écria Meg ; je ne penserai plus autant à ma toilette, et, si je peux, j’aimerai le travail.

— Et moi j’essayerai d’être ce qu’il aime à m’appeler : une petite femme ; je ne serai pas brusque et impatiente, et je ferai mon devoir ici au lieu de désirer être ailleurs, » dit Jo, qui pensait que ne pas se mettre en colère était bien plus difficile que de combattre une douzaine de rebelles.

Beth ne dit rien ; mais elle essuya ses larmes et se mit à tricoter de toutes ses forces, faisant tout de suite son devoir le plus proche, et prenant, dans sa tranquille petite âme, la résolution d’être, lorsque arriverait le jour tant désiré du retour de son père, tout ce qu’il désirait qu’elle fût.

Mme Marsch rompit la première le silence qui avait suivi les paroles de Jo, en disant de sa voix joyeuse.