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UNE DÉPÊCHE ET SES SUITES.

Comme la chambre était tranquille pendant que Jo lisait cela ! mais comme subitement le jour leur parut à tous étrangement sombre ! Le monde entier était changé quand les jeunes filles se pressèrent autour de leur mère. Tout le bonheur et le soutien de leur vie était au moment de leur être enlevé.

Mme  Marsch fut cependant la première remise ; elle relut la dépêche et tendit le bras à ses enfants, en disant d’un ton qu’elles n’oublièrent jamais :

« Je partirai immédiatement. Dieu veuille que je n’arrive pas trop tard ! Ô mes enfants ! aidez-moi à supporter le coup qui nous menace. Mes seules forces n’y suffiraient pas. »

Pendant quelques minutes, on n’entendit plus dans la chambre que le bruit des sanglots, mêlé de quelques paroles d’encouragement, de tendres assurances d’aide mutuelle et de quelques mots d’espérance qui mouraient dans les larmes.

La pauvre Hannah, avec une sagesse dont elle ne se doutait pas, donna aux autres un bon exemple.

« Le bon Dieu gardera le cher homme. C’est dans sa main qu’est la vie et la mort. Je ne veux pas perdre mon temps à pleurer ; je vais tout de suite apprêter vos affaires, madame, » dit-elle en s’essuyant les yeux avec son tablier.

Et, donnant à sa maîtresse une bonne poignée de main, elle alla travailler comme s’il y eût eu trois femmes en elle.

« Elle a raison, dit Mme  Marsch, il ne s’agit pas de pleurer encore. Reprenons courage, enfants. Soyez calmes et laissez-moi réfléchir.

« Où donc est Laurie ? demanda Mme  Marsch, lorsque, ayant rassemblé ses pensées, elle eut décidé ce qu’elle devait faire d’abord.