Page:Alcott - Les Quatre Filles du docteur Marsch.djvu/234

Cette page a été validée par deux contributeurs.
220
LES QUATRE FILLES DU DOCTEUR MARSCH.


CHAPITRE XV

UNE DÉPÊCHE ET SES SUITES


« Le mois de novembre est le plus désagréable de l’année, dit Marguerite, qui se tenait debout près de la fenêtre, pendant une triste après-midi de novembre, en regardant le jardin tout fripé par la gelée.

— C’est pourquoi je suis née dans ce mois-là, répondit pensivement Jo, qui ne se doutait nullement de la tache d’encre qu’elle avait sur le nez.

— Si quelque chose d’agréable nous arrivait maintenant, nous trouverions tout de même que c’est un mois charmant, fit remarquer Beth, qui prenait toujours le bon côté des choses.

— Jamais rien d’agréable n’arrive dans notre famille, dit Meg, qui avait mal dormi. Nous travaillons tous les jours, tous les jours, sans aucune amélioration dans notre destinée, et avec très peu d’amusement. Il vaudrait autant être attaché à une roue de moulin.

— Mon Dieu, que nous sommes donc de mauvaise humeur ! s’écria Jo. Oh ! si je pouvais arranger les choses pour vous comme je le fais pour mes héroïnes ! Vous, Meg, vous êtes assez jolie et bonne ; j’aurais un parent riche qui vous laisserait sa fortune ; alors, vous seriez une riche héritière qui irait dans le monde, pour