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HISTOIRE D’UNE FAMILLE AMÉRICAINE.

que je défaisais les paquets, dit Beth, qui, pour le moment, rôtissait, sa figure en même temps que le pain destiné au thé.

— Il faut laisser maman croire que nous achetons quelque chose pour nous, afin de la bien surprendre. Nous nous occuperons de nos achats demain après-midi, en allant faire nos emplettes pour notre comédie du soir de Noël, dit Jo à Meg, en se promenant de long en large les mains derrière le dos et le nez en l’air.

— C’est la dernière fois que je jouerai ; je deviens trop vieille, fit observer Meg, qui était aussi enfant que ses sœurs sous ce rapport-là.

— Vous continuerez de jouer la comédie aussi longtemps que vous mettrez avec plaisir une robe blanche à queue et des bijoux de papier doré. Vous êtes notre meilleure actrice, Meg, et tout sera fini si vous nous abandonnez, dit Jo. Nous devrions répéter ce soir quelques passages de notre pièce. Allons, Amy, venez reprendre la scène de l’évanouissement ; vous ferez bien de l’étudier, car vous êtes raide comme un piquet.

— Je ne peux pas faire autrement ; je n’ai jamais vu personne s’évanouir. Je ne suis pas venue au monde pour jouer des rôles pathétiques dans les grands drames qui amusent tant Mlle  Jo, et je n’ai pas envie de me faire des noirs en tombant tout de mon long par terre, comme vous le voulez. Si je peux facilement me laisser glisser, je le ferai ; mais si je ne peux pas, je tomberai gracieusement sur une chaise. Cela m’est égal que le tyran vienne me menacer avec son pistolet, répliqua Amy, qui n’était pas douée de talents dramatiques, mais qui avait dû être choisie pour remplir ce rôle, parce qu’elle était assez petite pour être emportée tout en pleurs hors de la pièce.