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LE « PICKWICK CLUB. »

« Ceux qui seront d’un avis contraire diront : Non. »

Meg et Amy étaient d’un avis contraire, et Amy se leva pour donner les raisons de son refus.

« Nous ne voulons pas admettre de garçons, ils ne font que sauter et dire des bêtises. Notre club est un club de dames respectables ; nous voulons rester seules, cela sera plus convenable.

— Il serait en effet à craindre que le nouveau membre ne se moquât de nous et de notre journal, fit observer le président Meg en tortillant la petite boucle qui tombait sur son front, comme elle le faisait toujours quand elle ne savait à quoi se décider. »

Jo, bondissant d’indignation, s’écria :

« Mon président, Laurie ne fera rien de pareil : il aime à écrire et donnera du ton à nos rapports ; les siens feront variété parmi les nôtres, qui se ressemblent trop souvent. Il est très gai. Il a l’esprit un peu satirique ; tant mieux, il nous empêchera de devenir des bas-bleus. D’ailleurs, nous pouvons faire si peu de chose pour Laurie, et il fait tant pour nous, que c’est bien le moins que nous lui ouvrions notre société close. Selon moi, nous ne pouvons que le recevoir de tout notre cœur ; je dis plus : nous le devons. »

Cette allusion artificieuse aux bienfaits de Laurentz toucha profondément le cœur de Beth qui pensait à son piano. Elle prit courageusement la parole :

« Oh ! oui, ne soyons point ingrates ; nous devons offrir au petit-fils de M. Laurentz une place parmi nous, — même si nous avons peur. Je dis que Laurie peut venir, et son grand-père aussi, s’il le veut. »

Ce discours de Beth électrisa le club, et Jo se leva pour aller lui donner une poignée de main d’approbation.

« Maintenant, votez de nouveau, et que chacune, se