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bromure de potassium, et par oublier de gémir sur ses maladies imaginaires.

Ce ne fut pas avant le milieu du mois de mai que Rose se trouva réinstallée au manoir, dans sa jolie chambre, à la grande joie de Phœbé, qui avait trouvé le temps bien long pendant son absence. Quoique le docteur Alec fût plus réservé, il n’en montrait pas moins son bonheur de posséder de nouveau sa fille, et les grand’tantes ne cessaient de s’extasier sur le plaisir d’avoir enfin, pour tout de bon, leur « rayon de soleil ».

Au manoir, Rose était plus heureuse que partout ailleurs ; entre ses bonnes grand’tantes, son tuteur bien-aimé et sa favorite Phœbé, il ne lui manquait rien. Autour d’elle tout semblait partager son allégresse : la nature s’éveillait avec le printemps ; les vieux marronniers touffus se couvraient de fleurs ; au jardin, tout s’épanouissait d’une nuit à l’autre ; les oiseaux gazouillaient du matin jusqu’au soir, et tous les jours des voix joyeuses venaient crier en chœur sous le balcon de Rose :

« Bonjour, cousine ! Voyez quel beau temps ! Voulez-vous venir vous promener avec nous ? »

Cependant, la fin de l’année d’épreuve demandée par le docteur Campbell approchait rapidement. Ce n’était pas sans inquiétude que le tuteur de Rose voyait arriver cette époque ; il avait l’intention de laisser la petite fille entièrement libre de choisir ceux de ses parents avec lesquels elle désirait vivre à l’avenir, et il craignait qu’elle ne préférât au manoir l’agréable maison de tante Jessie, ou même, à cause de Charlie, celle de tante Clara. Il n’en