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Le mois suivant, Archie et Compagnie emportèrent Rose en triomphe chez la bonne tante Jessie, et, là, elle fut si heureuse que, si le docteur eût pu venir y habiter, elle eût demandé à y rester toujours. Ces quatre semaines s’écoulèrent avec la rapidité de l’éclair.

Quoique tante Myra n’eût pas d’enfants, Rose, ayant séjourné chez chacune des autres tantes, se vit forcée d’en faire autant pour celle-là. Ce ne fut pas sans appréhension qu’elle y arriva ; le mausolée (c’est ainsi que ses cousins appelaient la triste demeure de tante Myra) n’avait rien de tentant pour une petite fille. Heureusement, le manoir se trouvait si rapproché que l’oncle Alec passa presque toutes ses journées avec Rose, et qu’elle s’ennuya beaucoup moins qu’elle ne l’avait craint tout d’abord.

L’oncle et la nièce possédaient une gaieté si communicative, que tante Myra se surprit plus d’une fois à joindre son rire au leur, chose phénoménale entre toutes, pour qui connaissait la pauvre dame. La présence de Rose lui fit un bien inouï : la petite fille ouvrait les fenêtres toutes grandes pour faire pénétrer l’air et le soleil dans ces chambres sombres et froides, toujours hermétiquement closes ; elle chantait comme une alouette dans les longs corridors si longtemps silencieux, elle égayait toute la maison de sa jeunesse. Pour tenter l’appétit capricieux de sa tante, elle lui confectionnait des petits plats de sa façon, et elle la taquinait si gentiment sur sa manie de se croire malade, elle l’entraînait si souvent dans d’interminables promenades, que tante Myra finit par dormir, sans