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sins, mais cela ne les empêche pas d’apprécier beaucoup Charlie. Notre prince Charmant est si spirituel, si agréable en société, si amusant et si habile à tous les jeux !... Croiriez-vous que l’autre jour il a battu Morse au billard ? et Morse se croit de première force !... J’étais là ; j’ai suivi le match d’un bout à l’autre. J’étais joliment content !… »

Stève s’excitait malgré lui ; il était grand admirateur des prouesses de Charlie et s’appliquait déjà à les imiter. Rose, trop jeune pour bien comprendre le danger des goûts et des aptitudes de son cousin, n’en sentait pas moins instinctivement que, si le sage Archie blâmait ces plaisirs et refusait d’y prendre part, c’est qu’ils étaient malsains, nuisibles.

« Si Charlie préfère le billard à la société de notre cher Archie, dit-elle en secouant la tête, je ne lui en fais pas mon compliment.

— Mon Dieu, dit Stève, j’imagine qu’au fond Archie a raison ; mais, en mon âme et conscience, je ne trouve pas que Charlie fasse grand mal avec Morse et ses compagnons. »

Rose soupira sans répondre.

« Tout s’arrangera entre eux, continua Stève, mais vous savez que nos aînés ont autant d’orgueil l’un que l’autre ; aucun d’eux ne veut avouer qu’il a tort.

— Que pourrais-je faire pour les rapprocher ? dit la petite fille ; Archie est si bon et si sensé que, une fois raccommodé avec Charlie, il saura bien le maintenir dans la bonne voie.