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ROSE ET PHŒBÉ.

si je ne vous gêne pas, je resterai ici un instant. Cela m’amuse de vous regarder.

— Oh ! vous ne me gênez pas du tout, mademoiselle, répondit Phœbé en tordant son torchon d’un air important.

— Comme cela doit être amusant de remuer le savon comme cela ! s’écria Rose. Pour un rien je vous aiderais !… mais tante Prudence n’en serait peut-être pas très contente, ajouta-t-elle après réflexion.

— Elle en serait très mécontente, répondit Phœbé, et elle n’aurait pas tort ; ce n’est pas votre affaire. Ne regrettez pas trop ce plaisir-là ; ce n’est pas, à beaucoup près, aussi amusant que vous le croyez, et vous en auriez bien vite assez. Allez, vous êtes mieux où vous êtes.

— Êtes-vous adroite ! continua Rose avec admiration… Vous devez joliment aider votre mère.

— Je n’ai ni père ni mère, dit Phœbé d’une voix triste.

— Alors où habitez-vous ?

— Ici même, depuis ce matin. La cuisinière cherchait une aide. On m’a prise à l’essai pendant huit jours. J’espère qu’on sera content de moi et qu’on me gardera.

— Je l’espère bien ! » s’écria Rose avec élan.

Elle avait déjà pris en amitié cette enfant qui chantait comme un oiseau et travaillait comme une femme.

« Si vous saviez comme je suis malheureuse ! » fit-elle d’un ton confidentiel.

Phœbé, très surprise, leva les yeux vers celle qui lui

parlait ; elle ne comprenait pas comment on pouvait se

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