Page:Alcott - La Petite Rose ses six tantes et ses sept cousins.djvu/213

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Voilà ! Tante Patience passe la moitié de ses journées dans sa chambre ; toujours toute seule. Je suis sûre qu’elle s’ennuie. Elle est adroite comme une fée ; si je lui demandais de me donner des leçons de couture ? Ce serait un prétexte pour lui tenir compagnie.

— Cette bonne pensée part d’un bon petit être ! s’écria le docteur Alec. Tante Patience en sera d’autant plus heureuse qu’elle se plaignait l’autre jour de ne plus vous voir du tout, depuis que vous apprenez la cuisine. Vous lui demanderez de vous montrer à faire des boutonnières. J’ai ouï dire que c’était là le point faible chez toutes les femmes. Je vous abandonne mes habits, vous y ferez des boutonnières partout où vous voudrez. »

Rose partit d’un éclat de rire.

« Vous n’y songez pas, mon oncle ! dit-elle. Vous voyez-vous avec des boutonnières tout le long de votre paletot ?... Mais les bonnes ménagères doivent savoir se servir de leur aiguille, et je vous ai promis de devenir une maîtresse de maison accomplie. Je vous avouerai que ce qui m’ennuie le plus, c’est de faire des reprises, et surtout de raccommoder les bas !

— C’est bien nécessaire, cependant. Je vous confierai dorénavant mes chaussettes.

— C’est cela. Allons présenter notre requête à tante Patience. »

La vieille demoiselle fut aussi heureuse que l’avait été sa sœur quelques semaines avant, et, sans perdre un moment, elle se mit à arranger pour sa nièce le plus joli petit panier à ouvrage qu’on puisse imaginer.