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garçon trouvait cela bien dur ; mais il tâchait de se résigner de bonne grâce, et il se berçait de l’espoir qu’un repos de quelques semaines réparerait l’abus qu’il avait fait de ses yeux pendant bien des années. Et quel supplice pour cet enragé liseur que de ne plus pouvoir ouvrir un livre ! Au commencement, chacun des enfants s’offrit de grand cœur à lui faire la lecture, et on se disputa d’abord cet honneur ; mais, les jours s’écoulant sans amener d’amélioration dans l’état de Mac, le beau zèle se ralentit peu à peu et cessa bientôt tout à fait.

On était alors en vacances ; ces garçons forts, actifs et turbulents, exubérants de vie et de jeunesse, avaient un besoin incessant de mouvement, et on ne pouvait guère les blâmer de délaisser quelque peu cette chambre de malade, car il faut être juste, jamais ils n’auraient fait la moindre partie de plaisir sans avoir, au préalable, serré la main de Mac, et tous les soirs ils lui rendaient visite. Ah ! que les journées semblaient longues au pauvre Mac ! Ses parents faisaient bien tout leur possible pour lui ; mais son père était pris par ses affaires, et sa mère avait une voix si faible et par suite si monotone, que Mac s’en lassait bien vite. L’oncle Alec n’était pas toujours libre. Tante Myra avait assez à faire de se soigner ; tante Prudence ne sortait guère de chez elle, et les autres tantes étaient absorbées par les soins de leur ménage. Toutes ces dames envoyaient à leur neveu force friandises ; mais elles lui tenaient rarement compagnie, et, sans Rose, je ne sais ce que serait devenu ce malheureux « mangeur de livres. »