Page:Alcott - La Petite Rose ses six tantes et ses sept cousins.djvu/151

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Le bon petit cœur ! s’écria le docteur. Je suis très embarrassé, Jessie, que dois-je faire ? Elle se réjouissait tant de voir tirer les feux d’artifice que je m’étonne qu’elle ait eu le courage d’y renoncer, et qu’il m’en coûte à moi aussi de la priver de ce plaisir.

— Laissez-la libre, répondit tante Jessie. Il ne faut pas gâter son petit sacrifice. La meilleure manière de reconnaître cet acte d’abnégation, c’est de nous occuper de Phœbé et de lui faire passer le plus agréablement possible ce jour de congé, que la pauvre fille a, du reste, bien mérité.

— Vous avez peut-être raison, » dit l’oncle Alec. Si bien que, malgré les protestations de Phœbé qui prétendait qu’elle ne s’amuserait pas le moins du monde sans Mlle  Rose, malgré les mines allongées des sept cousins, le docteur résolut de ne pas intervenir.

« Rose n’aura jamais le courage d’aller jusqu’au bout, dit Charlîe, nous la reverrons avant deux heures. »

Chacun se rangea à cette opinion.

Des lunettes d’approche furent perpétuellement braquées sur la chambre de Rose. Phœbé, en particulier, ne quittait pas le télescope ; mais le temps s’écoulait, les heures se passaient, et aucun signal n’apparut au balcon, aucune barque ne ramena la fugitive petite reine au milieu de ses sujets consternés.

« J’avoue que je ne l’en aurais pas crue capable, dit l’oncle Alec à sa belle-sœur. C’est un grand sacrifice pour elle, et je le lui revaudrai, elle peut en être certaine. »

Mais les cousins appréciaient fort peu ce dévouement