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À quatre heures sonnant, le camp était prêt à recevoir la « petite mère ». Les habitants de l’île, y compris, bien entendu, Rose et l’oncle Alec, grimpèrent sur la plus haute pointe de rocher pour guetter l’arrivée de tante Jessie. Tous portaient des habits bleus : on eût dit une volée d’oiseaux bleus, dont les chants joyeux arrivèrent aux oreilles de Mme  Jessie bien avant qu’elle pût les voir. Quand le bateau qui la portait fut en vue, le clan des Campbell arbora son pavillon et la salua de trois hip, hip, hip, hourrah ! auxquels elle répondit en agitant son voile vert.

Elle débarqua. On la porta en triomphe jusqu’à sa tente ; elle était si aimée ! Aucune de ses belles-sœurs n’eût voulu consentir comme elle à passer trois nuits sous une tente pour faire plaisir aux enfants. Elle acceptait tout, ne se plaignait jamais de quoi que ce soit, et ajoutait encore par son entrain à la gaieté générale.

On s’occupa presque aussitôt des préparatifs du dîner, et Rose tâcha de se rendre utile, à l’exemple de Phœbé ; mais ce n’était pas facile de mettre le couvert sur le gazon ; il fallait utiliser jusqu’aux accidents de terrain. Enfin, tout fut arrangé à la satisfaction de chacun, et l’on festoya gaiement sous les grands arbres, malgré les fourmis qui faisaient, sans l’autorisation des convives, de fréquentes visites dans les verres et dans les assiettes.

En sortant de table, Rose aida ses cousins à laver la vaisselle. C’était nonchalamment étendue dans une des barques, qu’elle accomplissait cette besogne.

« Je n’aurais jamais cru que ce fût aussi amusant de