Page:Alcott - Jack et Jane.djvu/242

Cette page a été validée par deux contributeurs.
200
JACK ET JANE.

autres, on ne l’oubliait pas. Elle s’imaginait rester tout l’été enfermée dans sa chambre. Au lieu de cela, le médecin déclara qu’elle allait beaucoup mieux et qu’au premier rayon de soleil, on la transporterait sur la terrasse. Puis, pendant les vacances, on la mènerait, ainsi que la châtelaine et les petits chevaliers, passer un mois ou deux au bord de la mer, ce qui la guérirait complètement… Eh bien, mes enfants, que dites-vous de ma fin ? » demanda Mme Minot en se tournant vers eux.

Jack et Frank étaient rayonnants, mais Jane s’était caché la tête dans son oreiller, et ne bougeait pas plus qu’une statue.

« Ce sera ravissant, dit Frank en se levant d’un bond pour aller auprès d’elle. Je vous apprendrai à nager, vous verrez. »

Jack, fou de bonheur, se glissa de l’autre côté du sofa :

« Nous ramasserons des coquillages, lui dit-il. Nous ferons des collections de goémons, et nous deviendrons forts comme des Turcs. »

Mais Jane ne bougeait toujours pas. Mme Minot fut inquiète de son silence.

« Êtes-vous contente, chérie ? » lui dit-elle doucement.

Pas de réponse.

« Est-ce qu’elle pleurerait par hasard ? » fit Jack en se penchant vers elle. Il écarta ses boucles brunes. Non ; elle ne pleurait pas, car ses yeux brillaient à travers ses doigts comme des escarboucles. Frank lui prit les mains, et sa figure apparut radieuse et comme transfigurée par le bonheur.

« Je ne pleure pas, dit-elle en riant de son rire musical, mais j’étais si surprise que je ne pouvais plus