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sion du pion ? disent plusieurs, eh bien ! il faut s’en passer. » Cependant une certaine hésitation existait. « Après tout, que fera-t-il ? disaient les uns. — Se plaindre au proviseur et à propos d’ânes, répondirent les autres, ça nous donnera l’occasion de rire à ses dépens, et il y aura une ample compensation. — Ah ! bah, ne craignons rien, il n’osera pas se plaindre crie-t-on de toutes parts pour exciter un jeune camarade assez téméraire en toute chose. » Tout en tenant ainsi conseil, petit à petit on se dirige du côté des ânes, et, plus on s’en approchait, plus l’aiguillon du désir se faisait sentir. « Ma foi, malgré tout, dit Gustave, je veux en goûter ; » et il a enfourché le plus bel âne de la troupe, et le fouette avec cette ardeur que donne le plaisir. L’animal, non moins animé que le maître, galope au bruit des applaudissements, qui semblent lui donner une nouvelle vigueur. Encouragé par une nouvelle salve de bravos, le voilà au moins à trente pas en avant. Le pion, qui n’avait pas été consulté sur le grave point dont il s’agit, et qui était resté en arrière, conçoit de l’humeur, se courrouce, mange son frein, et s’écrie : « Comment faire pour le rattraper sur-le-champ ? — Eh parbleu ! lui dit le propriétaire des ânes, montez sur cet âne-là et vous verrez que vous ne serez pas