Page:Alanic - Rayonne.pdf/287

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’approbation de ma conscience et de la sienne me soutenait. J’agissais comme s’il eût été là pour guider mes actes et dicter ses ordres. Et quelle force me venait de ce sentiment : « Tu es restée loyale envers toi-même et autrui ! Tu n’as pas démérité. Tu as le droit d’être là, d’aider les siens, de servir sa mémoire ».

Dès que l’armistice fut conclu, Mme Conan et son fils s’embarquèrent. Ils me retrouvèrent à Kergrist. Je les conduisis au petit cimetière où Patrice Conan a désiré dormir, sous un menhir où s’incruste une croix. Et la malheureuse femme, désolée, s’affaissa contre mon épaule, en criant ses regrets et ses lamentations.

Je trouvai les paroles propres à l’exhorter, à l’apaiser. Je lui racontai la longue agonie sereine, le sacrifice accompli avec courage et résignation. Et je m’appliquai surtout à toucher l’adolescent frivole, en exaltant les hauts mérites du père dont il négligea trop les avis, et dont il ne doit pas oublier l’exemple de labeur, de désintéressement et d’intégrité.

Olivier m’écouta, sérieux, pénétré, édifié. Je m’adressais à son orgueil filial. Le prestige du défunt s’accroissait. Il se reprochait de l’avoir mécontenté. Il regretta l’intimité intellectuelle et