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jeta un coup d’œil indifférent vers le pli, et haussant légèrement l’épaule :

— Ce ne doit pas être quelque chose de bien important ! fit-elle avec un calme qui déconcerta les observateurs ; et elle continua l’addition suspendue.

Chacun reprit sa besogne, désintéressé de l’incident.

Cependant un carillon se déclenchait dans les oreilles d’Annie et l’assourdissait. Elle n’osait regarder le carré blanc étalé sur sa table. Que contenait ce message tant attendu ?

La jeune fille réprimait sa curiosité ardente afin de ne pas donner prise, par quelque agitation, aux commentaires acides de la jalouse et bigle Ernestine. Quelle sottise aussi d’avoir donné son adresse à la fabrique ! Désirant cacher sa tentative, pour s’épargner les railleries de sa tante, au cas probable d’un insuccès, craignant de se servir de la poste restante — moyen dangereux à employer en province — la pauvre Annie avait compté sur la complaisance du brave Arsène, le garçon de bureau, seul prévenu. Mais pouvait-on prévoir qu’une grippe malencontreuse éloignerait le bonhomme, justement le jour où parvenait la réponse du Foyer ?