Page:Alanic - Les Roses refleurissent.pdf/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’apitoyait sur ces pleurs, refoulés avec un discret stoïcisme.

Les séances de musique religieuse intéressèrent vivement Adrien. C’était une satisfaction émouvante que d’entendre sa propre pensée interprétée par des voix harmonieuses, qui s’amplifiaient sous la voûte antique. Et cette mystique jouissance s’accrut jusqu’à l’enthousiasme quand la soliste annoncée, Mlle Monique Françon, vint se joindre aux exécutantes.

— Une voix de paradis, figure-toi ! déclara Gerfaux à sa sœur. Des vibrations de cristal et d’argent ! Fra Angelico devait supposer une voix de ce genre aux anges adorables de ses fresques.

Et vraiment on l’imaginait sans peine au milieu du chœur céleste, peinte sur un fond d’or et des ailes de cygne aux épaules, cette petite Monique au visage rond et frais, aux cheveux blond-roux, à la bouche enfantine. Aussi douce à voir qu’à entendre, la jeune fille faisait encore preuve d’un sentiment musical juste et vif, et elle copia les diverses parties de chant avec une netteté et un soin qui lui valurent les éloges du compositeur.

— Que ne peut-on l’enrôler pour la représentation de Mélusine ! disait Adrien avec regret. Mais comment espérer qu’un séraphin s’emploie à glorifier une fée à queue de serpent ?